NE CROYEZ PAS LES CHANSONS

 

                    I

                    IV

A tous les âges de la vie,

Lorsqu'un farouche matamore,

Il y a toujours des chansons,

En guerr' contre la société,

Qui répondent à nos envies,

Hésite entre une lutte à mort

Qui jouent à notre diapason,

Et un' chansonnette indignée,

 

 

Des airs qui bercent nos chimères,

Souvent, n'écoutant qu' son courage,

Caressent notre vanité,

Il préfèr' choisir de chanter ;

Et, mine de rien, nous suggèrent

"Un' chanson peut fair' des ravages"

Que la vie va nous enchanter...

Se défend-il, sans plaisanter…

 

 

Nous, comme on veut pas fair' de peine,

Plus tard, on l' retrouve épanoui,

Comme on veut même y croire un peu,

Ayant, aux dangers, survécu,

On reprend, on chante, on fait siennes, 

Content du devoir accompli,

Ces chansons aux présages heureux...

Et des disques qu'il a vendus.

 

 

Aujourd'hui, à l'heur' du bilan,

Croie-t-il que tout va mieux qu'avant ?

Me demandant si j'eus raison

Je réponds sans hésitation :

De me laisser griser autant,

Oui, mais pour lui, cela s'entend…

Aux bonnes gens, j' dis : attention !

Aux jeunes gens, j'dis : attention !

 

 

        Ne croyez pas les chansons.

        Ne croyez pas les chansons.

 

 

                    II

                   V

Dés notre arrivée dans ce monde,

Cette petite litanie

On nous égare et on nous berne,

De fallacieuses ritournelles

Avec des comptines, des rondes,

Demeurerait inaccomplie

Qui nous content des balivernes,

Sans la plus frivole d'entre elles,

 

 

Nous, comme on veut pas fair' de peine,

Qui maquille la vie en rose,

On ouvre grand des yeux tout ronds,

Qui ne rime qu'avec toujours,

Mironton, tonton, mirontaine,

Qui vous abusa, je suppose,

Pourtant, un jour, nous apprendrons,

La fatale chanson d'amour…

 

 

Qu'il n'est pas aisé de plumer,

Où l'on cultive une amourette

Le bec ou l'œil d'une alouette,

Comme on fait d'une fleur vivace ;

Que jamais ne tapent du pied,

Alors qu' ell' fanera, pauvrette,

Le loup, l' renard, ni la belette,

Au fond du cœur où le temps passe…

 

 

Et même, triste découverte,

Amour, ell'  vivra ce que vivent 

Pardonnez-moi, les enfançons, 

Les amours, le temps d'un' chanson,

Qu'une souris n'est jamais verte…

Une éternité fugitive…

Aux tout petits, j' dis : attention !

Aux amoureux, j'dis : attention !

 

 

        Ne croyez pas les chansons.

        Ne croyez pas les chansons.

 

 

                    III

                    VI

Jolies colonies de vacances !

Un beau jour on me chantera

Où, à tue-tête, on a chanté,

Un bienveillant De profundis,

Dans l'amitié et la confiance

Je gage qu'il me promettra

Que rien n'a encore échaudées, 

D'un monde meilleur, les délices. 

 

 

Le bonheur d'être à l'unisson

Je saurai à quoi m'en tenir,

Sur la belle route engageante,

Et du fond de ma concession,

Pavée de bonnes intentions,

On m'entendra sûrement rir',

Qui mène aux lendemains qui chantent…

Et dire aux vivants : attention !

 

 

Mais cette route s'est perdu'

        Ne croyez pas les chansons.

Dans des traverses, des impasses,

 

Et du chant, il ne reste plus

 

Que quelques dissonances lasses…

 

 

 

Un jour, ultime crève-cœur,

 

On sut qu' c'était les p'tits garçons

 

Qu'aimait surtout le moniteur…

 

Aux enfants, je dis : attention !

 

 

 

        Ne croyez pas les chansons.